Paradoxale est peut-être la meilleure manière de décrire notre passage d’un peu plus de 3 semaines au Pérou. Si on a vécu des moments très forts qui resteront sans aucun doute parmi les plus marquants de notre tour du monde, on n’a pas réellement eu de coup de cœur pour le pays. Phénomène difficile à expliquer, mais il n’y a pas eu ce petit déclic qui fait parfois la différence. Pourtant, nombreux sont les voyageurs croisés qui nous avaient vanté le Pérou comme une de leur meilleures expériences. Après tout, il en faut pour tous les goûts donc autant se concentrer sur les temps forts de notre passage.
Toujours en compagnie de notre Romiki international, on décide de se lancer dans le plus grand défi de notre tour du monde. Un trek de 9 jours, 170 kms, 3 cols dont un culminant à 4660m, et des dénivelés de 1000m (positifs et négatifs) dans la même journée presque la moitié du temps. On peut être en droit de se demander pourquoi une telle motivation, nous qui ne sommes pas spécialement orientés défi personnel? C’est en fait le moyen le moins touristique pour arriver au Machu Picchu, malheureusement victime de son succès et pouvant ressembler plus à une fourmilière de touristes qu’à un site inca. Pour parfaire le tableau, cela nous permet d’arriver le 2ème jour sur le site inca du Choquequirao, aussi baptisé « El Otro Machu ». Et celui-ci n’étant accessible que par une randonnée assez exigeante de plusieurs jours, on se retrouve presqu’en permanence seuls sur le site. Sensation exceptionnelle! Pas vraiment fins connaisseurs des treks longue durée, on improvise sur un après-midi la location du matériel (tente, sacs de couchage, réchaud, etc) et les courses pour subvenir à nos besoins pendant quelques jours. Avec un objectif de 10 kgs max/personne, on finit par boucler les sacs à 2h du matin à environ 15 kgs chacun. On est confiants pour la suite… Heureusement, on arrive à louer les services d’une mule pour les premières 48h, le temps d’entamer les vivres et de s’alléger. Il semble donc que prendre entre autres 2kgs de carottes et 3kgs de tomates ne soient pas la liste idéale pour un trek? Mais au-delà de cet apprentissage pertinent pour l’avenir, les paysages traversés sont renversants, les sites incas nous donnent matière à penser sur la vie de ces peuples anciens dans des parties si reculées du monde, et on fait aussi des rencontres incroyables avec les populations locales chez qui on pose notre tente. Le meilleur souvenir restera le dîner d’anniversaire dans une famille où l’on découvre le Pachamanca: barbecue péruvien où l’on cuit la viande entre des pierres brûlantes que l’on enfouit ensuite sous de la terre -hygiène quand tu nous tiens… Et la particularité ici est que tout le plaisir est de « manger comme un condor », comprendre à la main pour être sûr d’avoir de la viande partout sur le visage et les mains. Un concept que Romain et la Boite à Paroles n’hésiteront pas à exporter à leur retour!
Mais c’est aussi l’immersion dans la vie rurale péruvienne que l’on a adoré. Bien sûr les fermes traversées pendant le trek, reculées au fin fond de la montagne, nous ont marqués mais on avait déjà eu une introduction assez brutale à la réalité de la campagne dès nos premières heures dans le pays. Notre bus pour traverser la frontière Bolivie – Pérou est en effet arrêté à une cinquantaine de kms de Cusco par un barrage de villageois interdisant le passage à tous les véhicules. Les revendications sont l’accès à l’eau potable et surtout l’absence de professeurs qui empêchent l’éducation de toute une génération. C’est l’opportunité pour nous de mieux comprendre les problèmes qui rongent le pays et de voir la détresse de ces personnes qui n’en restent pas moins adorables en nous offrant de partager leur soupe dans la rue comme des camarades. Sur une note plus joyeuse, on a aussi la chance d’être présents pour la fête nationale dans un village 100% authentique de la région centrale des montagnes. Bonne humeur et joie de vivre dans les rues avec une fanfare de saxophones et les danseurs en tenue traditionnelle. On sympathise avec quelques protagonistes et sans même avoir le temps de réaliser, on se fait entraîner dans le défilé pour une danse endiablée. La foule éclate de rire et scande des « gringos » tout le long. Beau moment de solitude mais on n’est pas prêts de l’oublier en tout cas!
C’est donc avec quand même d’excellents souvenirs que l’on quitte le Pérou. On aura fini par une semaine sur la côte Pacifique pour se reposer, plus fatigués qu’on ne le pensait par le trek et sûrement aussi par les plus de 10 mois de voyage. À nous l’Equateur, on a vraiment hâte de découvrir ce pays.
Voyageusement vôtre,
La Boite à Paroles voyage avec son Bateau
Notre itinéraire détaillée au Pérou:
- Lac Titikaka; 2. Cusco; 3. Trek de Choquequirao; 4. Machu Picchu; 5. Ayacucho; 6. Huancayo; 7. Huancavelica; 8. Lima; 9. Huanchaco; 10. Mancora; 11. Passage de frontière pour l’Equateur.
I. Cusco:





II. Trek de 9 jours Choquequirao – Machu Picchu:

Jour 1: 24 kms, 850m dénivelé positif, 1600m dénivelé négatif. Col: 1 Col de Cachora à 3200m.



Jour 2: 10kms, 900m dénivelé positif, 100m dénivelé négatif. Visite de la partie haute des ruines de Choquequirao : le « Berceau d’or » en Quechua. Col: 0 🙂






Jour 3: 12 kms, 500m dénivelé positif, 1000m dénivelé négatif. Visite de la partie basse des ruines de Choquequirao. Col: 1 col de Choquequirao à 3400m environ.





Jour 4: 6 kms, 1000m dénivelé positif, 0m dénivelé négatif. Col: 0 🙂


Jour 5: 11,5 kms, 1000m dénivelé positif, 600m dénivelé négatif. Col: 1 Col San Juan à 4150m…






Jour 6: 16 kms, 1200m dénivelé positif, 1150m dénivelé négatif. Col:1 col de Totora à 4660m! Point culminant de ce trek.






Jour 7: 22 kms, 0m dénivelé positif, 1500m dénivelé négatif. Col: 0 🙂

Jour 8: 22 kms, 800m dénivelé positif, 900m dénivelé négatif. Col: 0 🙂

Jour 9: Machu Picchu (enfin!).



Région centre des hauts-plateaux:



Côte nord entre Huanchaco et Mancora:





